Annoncés lors de la photokina 2018, disponibles fin mars 2019, les nouveaux Panasonic Lumix S1 et S1R ont été mis entre les mains de la presse internationale ce 1er février 2019. Une première occasion d’évaluer si, comme il le prétend, Osaka va « changer la photographie ».
Petit préambule. Dans cet article, je ne vais pas détailler les fiches techniques des deux boîtiers, longues comme un jour sans chocolatine. Je ne vais pas non plus plonger en profondeur sur les trois optiques disponibles lors du lancement, et encore moins m’attarder sur le potentiel des nouveautés de Panasonic en termes de vidéo, pour la simple et bonne raison que, durant les brèves heures où j’ai pu jouer avec à Barcelone, je n’en ai pas eu le temps. Pour cela, je préfère vous orienter vers la page officielle de Panasonic afin de disposer des fiches techniques brutes, ou vers l’article des petits camarades : celui de Céline sur Phototrend pour la présentation générale, celui d’Emmanuel pour Miss Numérique pour une plongée encore plus en profondeur, celui d’Adrian sur 01net pour le mode photo haute définition (jusqu’à 187 Mpx sur le Lumix S1R !) ceux de Benjamin pour les Lumix S 50 mm f/1,4 PRO, Lumix S 70-200 mm f/4 PRO O.I.S. et Lumix S 24-105 mm f/4 Macro O.I.S. et celui de Guillaume sur Les Numériques pour la partie vidéo. Les plus attentifs noteront qu’il manque celui de Focus Numérique, mais je ne l’ai pas trouvé. (Oh wait…)
Panasonic, le (faux) rookie du 24 x 36 mm
C’est en 2001 que Panasonic s’est lancé dans la photographie avec sa marque « Lumix ». Depuis, le constructeur d’Osaka a fait des reflex (brièvement), des compacts, des bridges et, bien sûr, des hybrides. Cependant, jusqu’alors, les plus gros capteurs utilisés étaient de type 4/3 » : point d’APS-C, et encore moins des 24 x 36 mm. Du moins officiellement, puisque s’il est évident que Panasonic a participé au développement des Leica Q (Typ 116) et Leica SL (Typ 601), tous deux utilisant des capteurs 24 x 36 mm, ni les Allemands, ni les Japonais, n’ont jamais voulu préciser leur part de contribution respective dans la collaboration.
Nous admettrons donc, sans vraiment y croire, que les Lumix S1 et S1R sont les premiers hybrides 24 x 36 mm du constructeur et donc, à plus forte raison, premiers boîtiers 24 x 36 mm. Cela fait une énorme différence par rapport à ses concurrents directs de Sony (et ses Alpha 7 & 9) et, plus récemment, Nikon (et ses Z) et Canon (et son EOS R). Ces trois là peuvent capitaliser sur leur expérience reflex : les SLT en monture A pour Sony (ok, ce ne sont pas vraiment des reflex), les Nikon FX en monture F et les Canon EOS en monture EOS pour les deux autres. Et cela fait une grande différence en termes d’approche : quand Nikon et Canon, en particulier, tentent de transposer leur savoir faire 24 x 36 mm issu des reflex dans des hybrides, cela fait des boîtiers volontairement bridés (Canon EOS R) ou, au mieux à la page sans pour autant se risquer à proposer des nouveautés disruptives (pour les Nikon Z). Sony, quant à lui, en bon électronicien, a bien mieux su utiliser le prétexte hybride pour jouer la carte technologique et rouler des mécaniques avec sa toute puissance en terme de capteur (au risque de ne pas suffisamment investir du côté de l’ergonomie…). Panasonic, comme me le confirmait Mathilde Lécuyer lors du Salon de la Photo, a donc une approche très différente, suit une démarche toute autre : apporter aux 24 x 36 mm le savoir faire et les technologies développées cette dernière décennie pour les hybrides (Micro 4/3 »).
Dans l’épreuve reine de la photographie numérique qu’est le 24 x 36 mm, Panasonic fait donc figure de rookie et a donc l’immense avantage de partir d’une page blanche. Si ce ne sont les contraintes de la monture L, adoptée conjointement avec Leica et Sigma… Et encore, à bien y repenser, opter pour une monture au tirage mécanique très proche de la Micro 4/3 n’est pas si absurde que cela puisque, tuant dans l’œuf toute possibilité de monter les objectifs Micro 4/3 sur du L (et vice versa), Panasonic n’a plus besoin de s’en préoccuper (ce qui n’est pas le cas avec Sony, Nikon et Canon, avec respectivement leurs monture A et FE, F et Z, EF et R). Ce qui fera malgré tout grincer les dents de beaucoup, les photographes sont ainsi faits.
Bref, que la fiche technique finale des Panasonic Lumix S1/S1R soit dantesque, fracassante, gargantuesque, délirante, survoltée, dopée, ébouriffante, excitante, looooongue ou autre (entourez votre épithète préférée), cela est aussi peu surprenant qu’un Neymar exécutant un triple axel après avoir été piqué par une mouche ou qu’un Thomas Pesquet jouant du saxophone dans l’ISS : après tout, s’ils le peuvent, pourquoi s’en priver ? Que les deux nouveaux boîtiers soient plus profilés pour un usage photographique qu’un usage vidéo, une fois de plus, pourquoi s’en étonner puisque, dès l’annonce lors de la photokina, Panasonic avait annoncé la couleur et que les multiples interventions plus ou moins officielles ultérieures avaient bien souligné le fait que les Lumix S, au moins dans leurs premières itérations, ne seraient pas là pour concurrencer/cannibaliser les Lumix GH ? Il y a ce mythe selon lequel un boîtier 24 x 36 mm doit absolument être le meilleur et savoir tout faire alors que, techniquement, il n’y a rien de plus faux : les capteurs 24 x 36 mm, c’est cool, mais c’est loin d’être la panacée. Il faut gérer une mise au point plus faible, une chauffe supérieure, un capteur plus grand et plus lourd, des optiques plus lourdes, des tombereaux de données (surtout dans le cas du S1R)… Après, c’est aussi un peu la faute de Panasonic qui, à force de jouer à « Monsieur Plus », crée de grandes attentes de la part de ses aficionados (et bizarrement un peu moins de la part de ses concurrents). Ce qui ne l’empêche pas, toutefois, de pousser l’offre toujours un peu plus loin que ne le font ses petits camarades.
Pour l’exprimer de manière moins pompeuse, dans ce match à 4 + 1 + 1 des hybrides 24 x 36 mm qui devrait rapidement finir par tourner au duel à 3 entre Sony, Panasonic et Nikon, chacun joue selon une stratégie différente. Sony, bien installé depuis 2013, n’a plus grand chose à prouver du point de vue technique et peut désormais prendre le temps de développer son service professionnel et parfaire la fiabilité de ses produits. Nikon a profité du lancement de ses Z pour se remettre en question et faire son autocritique : sans aller jusqu’à « changer l’hybride », les Jaunes ont clairement appris de leur passivité côté reflex et se préparent un confortable matelas sur lequel rebondir. En ligne de mire : Sony. Canon y va de son côté clairement à reculons, bien trop confiant en sa position de leader historique qui lui donne l’illusion qu’il n’a plus rien à prouver, particulièrement auprès des professionnels, au risque de ne pas renouveler sa clientèle. Panasonic, enfin, cache à peine ses ambitions de devenir leader des 24 x 36 mm, rien de moins, et pour cela n’hésite pas à sortir l’artillerie lourde afin d’aller chasser sur les terres de Sony, mais surtout de Nikon et Canon. Mais le plus surprenant dans l’affaire, c’est qu’Osaka semble en avoir encore beaucoup sous la pédale, ne serait-ce que parce qu’après nous en avoir parlé pour la première fois en 2015 lors de la présentation du Lumix G7, il a encore été question de 8K et de deadline pour les J.O. de Tokyo en 2020. Avec ses Lumix S1/S1R, Panasonic compte bien dicter sa cadence. Et il va falloir suivre !
De l’importance stratégique de la monture L et du service Lumix Pro
Si vous avez suivi, et je suis certain que vous avez suivi, Panasonic se lance dans l’hybride 24 x 36 mm avec une monture L, initialement développée par Leica, dans le cadre d’une alliance stratégique tripartie Leica-Panasonic-Sigma (la L-Mount Alliance, pour les deux du fond qui auraient séché les cours). Dans les faits, cela impliquera donc que le système L comprendra, d’ici à la fin de l’année 2020, rien de moins que 42 objectifs. 42 objectifs ! 10 provenant de Panasonic, 18 provenant de Leica et 14 provenant de Sigma. Bon, pour être tout à fait honnête, il n’y aura pas 42 objectifs pleinement exploitables sur les Lumix S1/S1R mais 32, pour la simple raison que parmi les 18 objectifs Leica en monture L, 10 sont prévus pour de l’APS-C. Malgré tout, cela ne nous empêche pas de confirmer que l’union fait la force et de souligner qu’il ne s’agit là « que » des optiques que proposeront les trois constructeurs principaux : d’ici fin 2020, les probabilités sont grandes que d’autres opticiens entrent dans la danse de la monture L (Tamron, Samyang, Tokina, Laowa et consorts, je vous attends).
Histoire de confirmer qu’il ne s’agit pas d’une déclaration d’intention, il s’est passé quelque chose de symboliquement très important, et plutôt rare, lors de la présentation des Lumix S à Barcelone. En plus de tout le staff européen de Panasonic Europe et ses filiales, étaient présent trois pointures. Côté Panasonic, Kazuhiro Tsuga avait fait le déplacement soit rien de moins que le n°2 de Panasonic Global et, surtout, président de la branche grand public du constructeur. Côté Sigma, Yasuhiro Ohsone (que Renaud avait rencontré lors de la photokina) est le numéro 2 de Sigma (et donc bras droit de Kazuto Yamaki), en charge de la planification des produits. Pour compléter ce tiercé, venu de sa verdoyante Wetzlar, Stephan Schulz, à la tête des produits professionnels Leica, était là pour représenter le point rouge. La dernière fois que trois Rois mages sont venus de lointaines contrées pour se réunir autour du berceau d’un nouveau né, qui plus est sur les bords de la Méditerranée, on a continué à entendre parler les deux mille ans qui ont suivi…
Dans le grand mercato de l’industrie photographique, un transfert pourtant d’une importance capitale n’a pas été très médiatisé. Ainsi, depuis février 2018, le britannique Michael Owen est responsable de la mise en place et du déploiement du service Lumix Pro. Si son nom vous dit vaguement quelque chose, ce n’est pas un hasard. En effet, durant presque huit ans, il a de 2007 à 2015 supervisé le service professionnel de Canon (CPS) à l’échelle EMEA, i.e. « Europe, Middle East & Africa« . Autant dire qu’il a de la bouteille et sait de quoi il parle ! Quand on constate à quel point le recrutement d’un Guillaume Cuvillier à un poste similaire chez Sony France a été bénéfique à ces derniers (puisque plusieurs photographes professionnels ont alors basculé de Nikon, où il officiait précédemment, vers Sony), nul doute qu’un Michael Owen devrait entraîner le même genre de migration, au profit de Panasonic.
Maintenant, et avant de passer à la prise en main à proprement parler (oui oui, ça arrive), un petit point que j’aimerais souligner. Certes, Leica, Panasonic et Sigma ont conclu une alliance. Cependant, et c’en est presque paradoxal, leurs équipes locales n’ont pour l’instant pas le droit de discuter entre elles. C’est un comble ! Officiellement, il s’agit à la fois d’une consigne donnée par les sièges mondiaux de chaque entreprise afin de respecter les lois anti-trusts. Quand on voit ce que cela donne, par exemple, du côté des lave-linges ou de la mémoire flash, tu m’étonnes qu’ils préfèrent prendre des pincettes ! Mais, sur le terrain, ce sont à la fois les équipes de vente et les consommateurs qui, au moins dans un premier temps, risquent d’en payer le prix pour la simple et bonne raison que tous les vendeurs n’ont pas forcément une parfaite connaissance des gammes des trois constructeurs et que cela pourrait s’avérer contreproductif de seulement conseiller sur la base d’idées reçues. Espérons que, d’ici la commercialisation des boîtiers et des premiers objectifs Lumix S, la situation se débloque. En attendant, chose promise, chose due, l’heure est venue de partager mes premières impressions en compagnie de ces nouveautés.
Prise en main d’un Lumix S1R et des trois optiques Lumix S : du très lourd, au propre comme au figuré
Le hasard a fait que je me suis retrouvé avec un Lumix S1R entre les mains. Je ne vais pas me plaindre mais, si je devais m’équiper, je pencherais plutôt pour un Lumix S1, plus en adéquation avec mon usage. Ceci dit, en suivant l’adage suivant lequel « qui peut le plus peut le moins », si le Lumix S1R s’en sort bien en montée en sensibilité, en stabilisation et en autofocus, il n’y a pas de raison pour que le S1 fasse moins bien. Dont acte. C’est le moment où je dois préciser qu’il ne s’agit pas d’un test complet, ce d’autant plus que les boîtiers qui nous ont été confiés étaient des modèles de pré-production avec des firmwares qui devraient être améliorés d’ici la commercialisation fin mars.
Ergonomie physique et maniement : « better, faster, stronger » (et « heavier, bigger »)
Deux choses frappent d’entrée de jeu. La première : « mais putain c’est trop cool, les touches sont rétro-éclairées ! » Danses de la joie et de la pluie (d’autant plus que boîtiers et optiques sont tropicalisés). Cela peut sembler très con à dire mais c’est le genre de petit détail qui change la vie, surtout pour des gens comme moi habitués à photographier dans des bars et les ruelles mal éclairés. Surtout, cela signifie que Panasonic écoute ses utilisateurs, d’autant plus que, comme nous en a informé Panasonic France, c’est suite à notre voyage de presse dans la nuit polaire de Tromsø pour tester le Lumix G9 (qui en est donc dépourvu) que les ingénieurs ont réellement pris conscience de l’importance de ce gadget qui n’en est pas un. Oui, on fait des voyages de presse cools avec Panasonic. Non, cela n’influe pas le jugement. D’ailleurs, durant ce voyage de presse en Norvège, j’ai fait fondre les contacts électriques du grip du dit Lumix G9, qui par la suite a eu droit à un retour direct à l’usine. Je suis curieux de voir ce qu’il en est du grip des Lumix S, tiens…
Le second point, et non des moindres, c’est que la bête est grosse. Très grosse. Très très grosse même. À côté, même un Lumix GH5 passe pour un poids plume et un Sony Alpha 7R III pour une demi-portion. « On fait des hybrides parce que c’est plus léger » ? Il va falloir revoir la PLV (Publicité sur le Lieu de Vente), et en profondeur. Car si effectivement le Micro 4/3 permet de faire des hybrides plus petits et légers, en abordant l’exercice du 24 x 36 mm les ingénieurs d’Osaka ont sorti le bulldozer. Parce que, quitte à être un peu con d’entrée de jeu, j’avais bien sûr opté pour la combinaison la plus lourde : Lumix S1R et zoom Lumix S 70-200 mm f/4 PRO, soit deux jolis kilos sur la balance. Mon coach de muscu (imaginaire) a hâte que le 70-200 mm f/2,8 PRO sorte (vers l’été 2019, c’est prévu)… Ayant récemment testé pour Nikon Passion le Tamron 100-400 mm f/4,5-6,3 Di VC USD monté sur un Nikon D750, je dirais sans hésiter que ce dernier attelage est bien plus maniable (minute auto-promotion). Ou alors c’est un signe du destin pour m’inciter à me remettre au sport… J’sais pas… En tous cas, j’ignore si c’est la monture L qui impose des boîtiers massifs (dans son genre, le Leica SL Typ 601 est aussi un beau bébé), mais je croise très fort les doigts pour qu’un jour un membre de l’alliance sorte un boîtier 24 x 36 mm plus léger. Ou alors, c’est encore un coup du cartel des kinésithérapeutes. Là non plus, j’sais pas…
Après une petite demi heure d’adaptation, on finit par se rendre compte que ce double kilogramme de tungstène magnésium n’est pas là uniquement par pur sadisme. La qualité de construction est du niveau de celle des Nikon Z (en moins élégant et plus brut de décoffrage), de quoi ridiculiser les Sony Alpha 7/9 tout en envoyant un signe aux utilisateurs de Lumix GH5/GH5s dont les tirettes et chevillettes se faisaient la mâle, façon « je vous ai compris !« . On sent bien que Leica est passé par là pour prodiguer aux ingénieurs d’Osaka leurs conseils en termes de panzerification d’appareils photo. Pour moi qui ai plutôt de grandes mains (toutes proportions et génétique asiatique gardées), il est clair que mes doigts y sont moins collés-serrés que sur un Sony. D’ailleurs tellement peu collés-serrés qu’une maniement à deux mains s’impose dans de nombreuses situations pour atteindre les touches aux extrémités et manipuler l’écran tactile. C’est un peu gênant et ça risque de faire tout drôle aux utilisateurs de Lumix G. Par exemple, s’il est toujours possible de changer la zone AF via l’écran tactile une fois le viseur porté à l’œil, il s’est avéré que mon pouce était trop petit pour couvrir tout l’écran. Je me demande bien combien coûte la greffe d’une troisième phalange au pouce…
Côté disposition des touches, dureté des clics, tout ça tout ça, rien à redire. De toutes manières, vous vous ferez bien votre propre avis et ça ne vous arrangera pas forcément de savoir que, moi, j’ai bien aimé. En tous cas, si deux apéritifs, trois nuit blanches et une semaine plus tard rien ne me vient à l’esprit, c’est que Panasonic plutôt joué aux bons élèves. C’est en tous cas le cas du côté des menus pour lesquels les ajustements apportés et les nouveaux pictogrammes très parlant rassurent quant au fait que les multiples réunions entre ingénieurs et journalistes ces quatre dernières années ont porté leurs fruits. Quasiment toutes les suggestions émises lors de ces moments privilégiés ont été retenues, et bien plus encore. Voilà qui fait vraiment plaisir et devrait vous encourager, vous, photographes qui lisez ces lignes, à continuer de vous plaindre, encore et encore, à suggérer de nouvelles idées, encore et encore ! Panasonic vous lit, vous écoute et, mieux encore, met en pratique.
Par exemple, parmi les trucs ergonomiques rigolos qui distinguent Sony de Panasonic dans le sens où le premier se contente d’implémenter une technologie et le second se creuse la tête pour en tirer quelque chose de fun (ou du moins utile), je relèverai le très singulier indicateur de stabilisation, que vous pouvez voir dans l’article du Monde de la Photo. Mais qu’est-ce que c’est quoi dites donc que ce truc inutile qui va encore encombrer le viseur ? Figurez-vous qu’en fait, c’est loin d’être inutile, en plus de pas être con du tout. Comme tous les boîtiers Lumix récent, les S1 et S1R sont pourvus d’une double stabilisation capteur + optique. Cet indicateur, qui se présente sous la forme d’un point vert au milieu d’une cible rouge, vous indique simplement si votre niveau de bouger, en tant que photographe, entre dans la limite des capacités de la stabilisation, ou l’excède, et ce avant la prise de vue. Vous pouvez voir cela comme un exercice de respiration zen ou, tout simplement, comme une assurance contre les flous de bouger qui vous épargnera de vous dire, a posteriori « merde, j’ai bougé, faut que je recommence !« . Il fallait y penser. Tout comme, et c’est assez bête, le fait d’indiquer la focale dans le viseur lorsque vous utilisez un zoom… En tous cas, c’est typiquement le genre de détails que j’apprécie avec Panasonic : le constructeur ne se contente pas de reproduire ce qui se fait ni de cocher les cases sur lesquelles il est attendu pour chercher de nouveaux usages de ses technos maison. Et ça c’est cool. Même si, des fois, ça ne l’empêche pas d’oublier de cocher des cases, notamment en vidéo pour les boîtiers qui nous intéressent aujourd’hui…
Je ne savais pas où le placer, donc je vais ici brièvement parler des objectifs : c’est du lourd, tout comme les boîtiers ! En termes de maniement, j’ai peut-être été un peu déçu par le 24-105 mm f/4 Macro O.I.S. mais je ne pense pas que ce soit à cause de l’objectif en lui-même, plutôt parce que je l’ai eu en main après ses frères de la série « PRO ». Sur le zoom 24-105 mm, donc, j’ai trouvé que la bague de zooming accrochait un petit peu et que ça gâchait mon plaisir. En même temps, il ne faut pas m’habituer au luxe… Pour la série PRO, par contre, Panasonic a clairement sorti le grand jeu. Les bagues, qu’elles soient de mise au point ou de zoom (dans le cas du 70-200 mm f/4 PRO) sont d’une douceur et d’une fluidité que ne renierait pas Leica, et ce n’est pas peu dire. Surtout, tous deux bénéficient à la fois d’une bague de diaphragme dédiée (encore heureux !) par contre, il ne m’a pas semblé qu’elles soient décrantables. Surtout, comme évoqué un peu plus haut, toutes deux disposent d’un système de clutch (qui se dit donc « embrayage » si vous êtes francophone puriste) : il faut tirer la bague de mise au point pour passer en MF et la pousser pour revenir en AF. En MF, une échelle de distance se révèle donc et, surtout, il est important de noter la présence de butées aussi bien à la mise au point qu’à l’infini. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour… enfin, vous connaissez la chanson. Vivement que de telles attentions ergonomiques débarquent sur les objectifs Micro 4/3 !
L’écran de la discorde et le viseur OLED king size
Ah qu’il aura fait couler de l’encre sur les forums et des larmes (et/ou de la bave) sur les claviers cet écran « trop moche trop nul »… Bon, je vous le concède volontiers : moche, c’est pas complètement faux. Mais sur une échelle de laideur allant de Fiat Multipla à Alpha Romeo 4C, on se trouve quelque part un peu en dessous Lancia Stratos. Il m’aurait fallu plus qu’un après-midi pour vraiment m’habituer à cette cinématique à double articulation puisque, pour être tout à fait honnête, sur le terrain, j’avais tendance à oublier qu’il pouvait aussi se déplacer autour de l’axe vertical. Est-ce mieux qu’un écran sur rotule ? En toute sincérité, je l’ignore. Il faudrait demander aux utilisateurs de Fujifilm X-T2 et X-T3 qui utilisent le même genre de double charnière. Toujours est-il que j’en ai retenu deux choses : comme le boîtier est très, très large, c’est pas plus mal, au fond, de ne pas avoir à ouvrir l’écran sur le côté quand on veut viser à hauteur de poitrine. En plus, ça ne masque pas les connecteurs latéraux. Premier point. Second point : il est possible, en ouvrant complètement l’écran et le tenant entre les doigts, de secouer l’ensemble boîtier + objectif sans entendre le moindre grincement ni ressentir le moindre jeu. Ça veut dire que c’est solide. Panasonic m’a confié qu’il était « Bruno-proof », ce qui doit probablement signifier qu’il résiste à la bière, aux chutes dans les escaliers, au sable, aux plongeons express dans le Canal Saint-Martin et aux paillettes. Je demande quand même à vérifier sur une plus longue durée.
Par rapport à celui d’un Lumix GH5, cet écran n’a rien d’exceptionnel. La diagonale est identique (8 cm), la définition est certes supérieure (2 100 000 points contre 1 620 000 points), il est tactile (et même un peu trop sensible de ce côté là) mais, par contre, il a perdu la compatibilité HDR. Pourquoi donc ? Mystère et boule de gomme. Probablement parce que Panasonic a préféré claquer un pognon de dingue dans le viseur OLED. Et quel viseur ! Là, comme ça, pouf, au départ arrêté, Panasonic laisse tout le monde sur place avec sa définition de 5 760 000 points doublé d’un rafraichissement à 120 Hz. Allez hop, c’est cadeau ! (Enfin, un cadeau à 3000 €, faut pas déconner non plus.) Mais est-ce vraiment si bien ? En fait… oui et non.
Oui, parce qu’avec les viseurs « classiques » de 3 690 000 points on ne distinguait déjà plus les pixels à l’œil nu donc là, ils appartiennent désormais au passé. Oui, parce que cela permet à Panasonic de reprendre le record de définition à son cousin Leica SL (4 400 000 points) qui, lui exploitait une dalle LCD. Or, pour les gens comme moi sensibles à l’effet arc-en-ciel, l’OLED, c’est vachement mieux que le LCD. Oui, parce qu’une meilleure définition, ça permet à la fois de mieux ajuster sa mise au point et de mieux apprécier son flou d’arrière plan (bokeeeeeeeh !). Et en même temps… non. Cela pour la simple raison que l’image affichée dans le viseur est un poil trop contrasté, ce qui nuit à la dynamique. Est-ce que cela provient du viseur en lui-même ? J’en doute. À mon humble avis, cela vient surtout du traitement d’image de Panasonic. Une visée au rendu plus doux et neutre aurait, à mon goût personnel, été préférable afin de prodiguer une visée encore plus naturelle qui achèverait de convaincre même le plus réticent des utilisateurs de reflex 24 x 36 mm. Ce sera probablement pour une prochaine fois, ou peut-être dès la disponibilité du firmware définitif.
Qualité d’image et stabilisation
Le principal argument du 24 x 36 mm par rapport au Micro 4/3 est le gain en termes de qualité d’image. À plus forte raison pour le Lumix S1R puisqu’avec ses 47,3 Mpx il est désormais possible d’atteindre une finesse de résolution (je ne sais pas si c’est bien français, mais je ne suis plus à une licence syntaxique près) jusqu’alors inconnue sur un capteur 4/3 ». Au passage, les maniaques de la calculatrice auront remarqué que même avec 47,3 Mpx sur 24 x 36 mm, cela fait des photosites de 4,27 microns, soit plus grands que les photosites de 3,33 microns d’un Lumix GH5 ou d’un Lumix G9, et nous ne sommes finalement pas si loin des photosites de 4,7 microns d’un Lumix GH5s… La question logique est donc : comment se débrouille le Lumix S1R en hautes sensibilités, sachant que sa plage étendue démarre à 50 ISO et se termine à 51200 ISO (ce qui n’est pas énorme) ?
Pour réaliser cette montée en sensibilité, j’ai posé le boîtier de manière stable sur une caisse de vin, utilisé le zoom Lumix S 24-105 mm f/4 Macro O.I.S. en position 35 mm, fermé à f/8 (de manière très arbitraire), trouvé une bouteille d’huile (on ne change pas les vieilles habitudes), et zouh, roulez jeunesse ! Les vignettes ci-dessous sont extraites de la zone centrale de la scènette ci-dessus. Il s’agit de crops à 100 %, de 1200 px de côté, sur lesquels vous pouvez cliquer afin de les afficher en pleine taille. Je vous laisse vous faire votre propre avis, ayant toujours été maladroit à ce petit jeu (oui, il est temps de l’avouer). Tout ce que je vois, c’est que ça reste honnête jusqu’à 6400 ISO, après ça part en cacahuètes. Des souvenirs que j’ai du Sony Alpha 7R III, ce dernier me semble meilleur que le Panasonic qui, contrairement à son camarade, utilise un capteur CMOS classique (certes sans filtre passe-bas) et non pas BSI CMOS. Je ne pourrais pas réellement comparer avec le Nikon Z 6 puisque celui-ci part avec l’avantage de son capteur de 24 Mpx.
Vous n’en avez pas assez ? Allez, c’est la minute « balance ton JPEG », avec plein de photos réalisées avec les différents objectifs, et pour certaines d’entre elles, des crops à 100 %. Parce que c’est comme ça, c’est la teuf, et que dans les 5 minutes qui suivent, je n’ai pas envie d’écrire. (Si vous n’aimez pas les photos d’illustration, vous pouvez sauter ce passage pour aller directement à celui où je parle de stabilisation.)
Si vous êtes du genre attentif aux données de prises de vue, vous avez sans doute déjà remarqué que de nombreuses images étaient faites en-dessous de 1/50 s, et ce avec chacun des objectifs. Ça, c’est possible parce que la double stabilisation permet de gagner jusqu’à 6 diaphragmes. C’est beaucoup. Vraiment beaucoup. Sur le terrain, celle du Lumix S1R m’a encore plus impressionné que celle du Nikon Z 6. Il faut aussi dire que Panasonic a un peu plus d’expérience en la matière, bien que ce soit avec des capteurs plus petits… Toujours est-il que, même avec le zoom 70-200 mm f/4 PRO et sa relative faible luminosité on se prend à photographier à main levée à des vitesses déraisonnablement lentes. Et pourtant, ça passe ! J’ajoute trois exemples, capturés dans une église (je crois que ça se voit), toujours à main levée.
Et l’autofocus ?
Pour ses Lumix S1, Panasonic a décidé de reconduire sa technologie DFD, basée sur de la détection de contraste, en l’agrémentant d’intelligence artificielle (en 2019, ça fait toujours bien de parler d’intelligence artificielle, même lorsque ça n’en est pas vraiment). Cet AF est souvent critiqué en vidéo sur les Lumix GH5/GH5s et, comme je l’évoquais au tout début (beaucoup, beaucoup plus haut dans cet article), je n’ai pas du tout testé la partie vidéo du Lumix S1R qui m’a été confié. Par contre, je peux vous parler de l’autofocus en photographie, et ça va aller très vite : ça va très vite ! Si si, sans déconner.
Je ne sais pas trop comment les ingénieurs s’y sont pris mais, de toute évidence, le capteur un peu plus grand et surtout le nouveau processeur Venus Engine sont passés par là. Les seuls moments où l’AF m’a joué des tours, c’est quand moi-même je faisais la mise au point au mauvais endroit. Dans toutes les situations, que ce soit sur sujet statique ou mobile, le Lumix S1R touchait sa cible de manière systématique, et ce quel que soit l’objectif utilisé, à n’importe quelle focale. Ou alors, j’ai eu vachement de chance. Ou alors, je suis super doué (mais là, j’y crois moins). Surtout, ce que j’ai apprécié, c’est que le Lumix S1R ne souffre pas du même handicap que les Nikon Z : les faibles luminosités ne lui font pas peur et il ne se met pas à soudainement pomper. Ça, c’est vraiment chouette, tout en confirmant que dix années d’expériences en hybride, ça paye. (Ceci dit, je ne doute pas qu’au détour d’une prochaine mise à jour du firmware Nikon finisse par rattraper son retard.)
Conclusion intermédiaire en attendant le firmware 1.0
J’ai vraiment du mal avec Panasonic. C’est vrai quoi, ils sont chiants : quand on leur reproche un truc, ils s’excusent, puis ils reviennent quelques mois plus tard avec les défauts corrigés, en demandant s’ils sont allés dans la bonne direction. Et s’ils ne sont pas allés dans la bonne direction, c’est que les journalistes et photographes auprès desquels ils se sont renseignés ont raconté des conneries. Or, c’est bien connu, un photographe ne se trompe jamais et un journaliste ne raconte jamais de conneries. Alors imaginez, des journalistes photo (surtout s’ils sont français) !
Trêve de plaisanterie, à part l’évidente question de poids et de l’encombrement (et encore, ce sont des partis pris assumés), il n’y a pas grand chose à reprocher, en première lecture, à ces Lumix S1. Bon, oui, ça aurait été mieux que toutes les touches soient rétroéclairées. Ça aurait été mieux que le viseur soit moins contrasté. Ça aurait été mieux que la montée en sensibilité se démarque plus des petits camarades. Ça aurait été mieux qu’il n’y ait pas de recadrage en UHD 60p (et qu’il y ait de la 4K), mais j’ai dit que je n’évoquerai pas le côté vidéo. Bien sûr, ça aurait été mieux que le Lumix S 50 mm f/1,4 PRO ne coûte pas 2499 € (ils ont craqué, vraiment, surtout qu’il y a de fortes chances que le Sigma 50 mm f/1,4 ART en monture L tourne autour des 1000 €), ça aurait été mieux qu’au moins une focale fixe « abordable » soit proposée dès le lancement (je sais pas moi, disons, un 35 mm f/2,8), et ça aurait été mieux qu’ils me laissent le boîtier au-lieu de le récupérer. Mais, franchement, quand on en est à ce niveau de reproches, c’est qu’on n’a pas de véritables critiques à formuler. Quelque part, un peu comme tous les boîtiers Panasonic mais en version exacerbée, les Lumix S proposent tant de trucs, de bidules, de fonctions et de machins qu’on en viendrait presque à se demander pourquoi Panasonic n’est pas encore fichu de faire des hybrides capables de préparer un bon café…
Le Lumix S1R est-il perfectible ? Bien sûr. Pourtant, l’impression qui rejaillit, ce n’est pas celle d’un premier boîtier (hybride) 24 x 36 mm, mais plutôt d’une copie mûrement réfléchie, doublée d’une réelle volonté d’aller de l’avant et d’établir un nouveau standard. Ce que n’ont fait ni Nikon, ni Canon, et ce qu’a fait Sony il y a six ans déjà (avant de finir par se faire rattraper). Après s’être imposé comme le roi du Micro 4/3 au détriment d’Olympus, Panasonic compte donc s’imposer sur le 24 x 36 mm par K.O. technique. Dans l’affaire, ce sont surtout Canon, puis Nikon qui risquent de souffrir. Sony, par contre, a une carte différente à jouer, qui est celle de la compacité. Et cela est plutôt malin de la part d’Osaka qui, de fait, ne va pas à la confrontation directe avec son rival de Tokyo. Dans l’état actuel de l’art, les électroniciens sont en passe de devenir les maîtres du 24 x 36 mm.
Par ailleurs, et à force de dire que je ne vais pas parler de vidéo : en plus des S1 et S1R, il reste, à mon avis, de la place pour un S1S plus spécialisé en vidéo et faire tomber les dernières barrières (déjà pas nombreuses pour un Lumix, tout en gardant à l’esprit que Panasonic vole au-dessus de la foule en matière de vidéo). Est-ce que celui-ci suivra la voie tracée par les Sony Alpha 7s et Lumix GH5s, en mettant l’accent sur les hautes sensibilités au détriment de la définition ? Rien n’est moins sûr dans la mesure ou le S1R est une rampe de lancement idéale vers la 8K, ce qui implique donc une définition d’au moins 33,2 Mpx au ratio 16:9, soit 34,7 Mpx au ratio 3:2 (pour les calculs, je vous renvois vers ce précédent article). D’ailleurs, au détour d’un verre de vin rouge, Uematsu m’a confié que lorsque Panasonic lancera son capteur organique, il serait logique que ce soit directement au format 24 x 36 mm. Je ne veux pas faire de lien direct, mais je pose quand même l’idée ici…
Bon, maintenant, et d’ici là, il va falloir que le service Lumix Pro suive la cadence et se mette à niveau par rapport à ceux de Canon, Nikon, déjà bien établis, et celui de Sony, qui avance en marche forcée, car c’est vraiment là que tout va se jouer. Et plutôt qu’une extension d’1 an de garantie pour les premiers acquéreurs, Panasonic France devrait songer à offrir un an d’abonnement à la salle de sport. (Enfin, je dis pas ça parce que je me sens concerné, mais quand même un peu…)
Faut-il basculer vers les Lumix S1/S1R quand on possède déjà du Micro 4/3 ?
Bah… non. Pour deux bonnes raisons. La première, et vous l’aurez, je pense, comprise, est qu’en termes d’ergonomie, d’encombrement, de transportabilité et de légèreté, les Micro 4/3 conservent un avantage indéniable sur les propositions 24 x 36 mm de Panasonic. C’est plutôt malin de la part de ce dernier d’avoir bien séparé les typologies de produit, histoire qu’ils ne se cannibalisent pas mutuellement. La deuxième raison est que, pour l’instant, les Lumix S1/S1R ne rivalisent pas avec les Lumix GH5/GH5s en termes de vidéo, à la fois en spécifications pures mais aussi en termes de praticité. Je pense notamment à toutes celles et ceux qui montent leurs boîtiers sur des gimbals. Pour les amateurs de longues focales, attendez également encore un peu puisque Panasonic n’a pas prévu de téléobjectifs ni de télézooms allant au-delà de 200 mm avant l’été 2020 alors qu’en Micro 4/3 il est déjà possible de monter jusqu’à un équivalent 800 mm avec le Panasonic Leica DG 100-400 mm f/4-6,3 ASPH Power OIS. Ceci dit, il faudra voir ce que Sigma proposera dans les mois à venir et l’arrivée d’un 150-600 mm en monture L n’est pas à exclure. Dans tous les cas, l’encombrement sera tout autre que les télézooms en Micro 4/3 !
Il y a une troisième raison, qui relève du bon sens, mais je vais quand-même la mentionner : le prix. À 2499 € le boîtier nu pour le Lumix S1 (3399 € en kit avec le 24-105 mm), 3699 € le Lumix S1R (4599 € en kit avec le 24-105 mm), les nouveaux 24 x 36 mm ne se destinent clairement pas à toutes les bourses. D’un autre côté, pas la peine de hurler au vol : personne ne vous oblige à les acheter, d’une part, les concurrents étaient sensiblement au même prix lors de leurs lancements respectifs, d’autre part, et, surtout, surtout, surtout, ce que l’ère des réseaux sociaux et des forums a tendance à nous faire oublier, c’est que la sortie de nouveaux boîtiers ne rend pas obsolètes et inutilisables les plus anciens. Cela d’autant plus que, et Panasonic l’a bien montré, les « anciens » boîtiers peuvent continuer à évoluer au gré des mises à jour firmware.
Maintenant, il est possible de se poser une autre question : que vont apporter les Lumix 24 x 36 mm aux Lumix Micro 4/3 ? Panasonic ayant l’habitude de procéder à des transferts technologies du sommet vers la base (le ruissellement, le vrai), il y a fort à parier que de nombreuses nouveautés apportées par les Lumix S1 et S1R se retrouvent plus ou moins rapidement sur les Lumix G. Il est évident que cela impliquera le nouveau processeur Venus Engine ainsi que le nouveau système autofocus. Il est presque aussi évident que le haut de gamme Lumix G finira par adopter le viseur OLED de 5,7 millions de points. Il est tout aussi quasi certain que les nouveaux menus seront transposés, mais un peu moins évident (pourtant ce serait franchement cool) que les touches rétroéclairées se généralisent. Bref, il y a de l’espace pour que les deux systèmes cohabitent sans se marcher sur le pied, les adeptes du Micro 4/3 n’ont pas (encore) de quoi paniquer. Canon, Nikon et, dans une moindre mesure, Sony, si. (À moins que Pentax débarque de nulle part avec une proposition qui tue direct le game, mais bizarrement, j’y crois moyen.)
Superbe première prise en main. Bravo.
Donne envie de tester toutes ses optiques Leica (M, R ou L) sur le S1…
Sympho.
Un immense merci pour l’article, toujours très agréable à lire. Vivement la version finale du FW pour jauger le DFD et notamment en vidéo, idem pour la gamme ART de Sigma pour avoir une gamme d’objectifs qualitatifs à un prix plus raisonnable ! Merci Panasonic 🙂
Je crois que je n’ai jamais vu Uematsu San se marrer comme ça lors de la présentation d’un produit… même pour le GH5
Merci pour ton billet, Bruno!
Je reste tiède sur la stratégie produit de Pana.
Pour les optiques, j’ai peu de doutes : elles seront très bien construites, et toutes énormes et lourdes. Leica et Sigma ne savent pas davantage faire dans le léger si l’on en croit d’un côté les optiques Leica SL (des gros f/2.8-4 encore plus massifs que des f/2.8 constants…) et de l’autre Sigma qui s’est fait une spécialité avec des optiques Art très très lourdes (même le 70-200/2.8 Sport pèse plus lourd que son concurrent Pentax, et 400g de plus que n’importe quel f/2.8 moderne…).
Donc aucune optique légère à l’horizon, et d’ailleurs aucune expertise en optique légère pour cette monture full frame de la part des trois constructeurs.
Les boîtiers sont aussi assez gigantesques, façon D850. Sans le viseur optique. Là encore, le SL ne rattrape pas grand chose, et Sigma… je ne crois pas qu’ils fassent dans le léger non plus.
Reste l’autofocus. Là encore, je suis tiède sur l’usage d’un AF contraste, même DFD. Surtout que l’AF sur capteur est le nerf de la guerre aujourd’hui.
En gros, mon sentiment, c’est que Pana est prêt à une vraie débauche de résolution/qualité d’image, mais en sacrifiant pas mal la discrétion et la légèreté (là où Sony et surtout Nikon mettent le paquet ; Canon aussi avec le RP ceci dit). Si on combine à ça une monture apparemment très chère niveau optiques… on se retrouve vite avec une niche. J’espère que Pana saura creuser son trou, mais ça ne sera pas pour moi.
Si c’est pour avoir des optiques et boîtiers énormes et hors de prix, autant aller chez Fuji en moyen format, j’ai envie de dire.
En revanche, le viseur des S1 a l’air somptueux, a priori le meilleur EVF jamais conçu ? A voir.
Un petit bémol, question optiques 24×36 compactes, Leica le fait déjà dans la série M.
Pour le moment je ne suis pas certains que c’est dans l’intérêt de Panasonic, dans un second temps ils sortiront un boitier plus compact (pourquoi un GX8 à la mode 24×36) et des optiques « compactes » suivront comme l’a fait Fuji. Ne pas oublier qu’en m4/3 Panasonic sait penser compact et ou encombrement raisonnable et que ces objectifs 24×36 doivent être à la hauteur d’un capteur de 47 mpx et certainement pensés pour plus et puis pour du compact ergonomique il y a le m4/3.
Pour Sigma, ils savent faire, sauf qu’ils pensent aussi vente, leur futur boitier 24×36 sera un bon indicateur.
Et voila Sigma sort une d’optique compact en monture L (et EF) un 45 f2.8, et ils devraient en faire d’autres.
Donc si Sigma sait faire des optiques compactes.
Merci c’est très intéressant !
Fin juillet 2019, peux t’on encore dire ceci ?
les Lumix S1/S1R ne rivalisent pas avec les Lumix GH5/GH5s en termes de vidéo, à la fois en spécifications pures mais aussi en termes de praticité