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X-T3 : Fujifilm en roi de l’APS-C

Quatre ans. Quatre ans et deux photokinas que j’attendais un hybride, allez, un boîtier APS-C, capable de prendre la relève de feu le Samsung NX1. Oyez oyez, le Fujifilm X-T3 sera dans les bacs le 20 septembre (et ça va saigner).

 

Il y a une vie en dehors du 24 x 36 mm (et ça coûte deux fois moins cher)

 

Il y a eu la déferlante hybrides 24 x 36 mm Nikon et Canon – oui oui, trois boîtiers 24 x 36 mm, de deux constructeurs différents, en moins d’un mois, de nos jours, ça s’appelle une déferlante. Surfant sur la vague, et n’ayant peur de cette lame de fond, Fujifilm a donc annoncé son X-T3 au lendemain de l’EOS R, soit le 6 septembre. (NDLR : Le champ lexical un peu lourd, c’est parce que le nom de code de la bête était « Poséidon…). Bon, oui, je sais, j’ai du retard, mais j’étais malade. Mais on s’en fiche un peu, parlons plutôt de ce X-T3, qui va tout ratisser sur son passage avec une tarification des plus agressive : 1399 € ! Et si vous habitez en Amérique du Nord, Fujifilm US propose déjà un cashback de 130US $ sur le boîtier (nu ou en kit)… C’est pour dire si Fuji compte en vendre des palettes

Après des hybrides 24 x 36 mm à plus de 2000 € (voire 3000 €), cela paraît presque rafraîchissant de se rapprocher du SMIC. Enfin, un gros SMIC, hein. Mais, ce qui est surtout intéressant, c’est de se rappeler que lors de son lancement en juillet 2016, le X-T2 avait été positionné à 1699 €, une inflation qui n’était pas passée inaperçue puisque le X-T1 était lui proposé à 1199 € à ses débuts. Bref, 300 € de moins pour la nouvelle génération, c’est suffisamment rare pour être souligné (et, oui, Sony, c’est toi que je te regarde). D’ailleurs, 1399 €, c’est à peu près le prix auquel vous trouvez actuellement le Sony Alpha 6500, pour peu que vous ne passiez pas par le marché gris… Nous verrons donc à la photokina où Sony décidera de positionner son remplaçant.

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Le X-T3 conserve, bien sûr, l’atypique écran orientable du X-T2. Sa définition baisse à 1040000 points mais il est désormais tactile. De son côté, le viseur passe à 3,6 millions de points. Et ça c’est cool.

 

 

BSI CMOS, H.265, vidéo 4K DCI, UHS-II : une fiche technique digne du Samsung NX1 (en mieux)

 

Pardonnez le running gag mais, vous l’aurez peut-être compris, je n’ai toujours pas fait mon deuil du Samsung NX1, présenté lors de la photokina 2014. Ce boîtier était tellement en avance sur son temps que, depuis, je lui cherche un successeur dans mon cœur de geek. L’hybride coréen avait été le premier à disposer d’un capteur APS-C BSI CMOS, donc rétroéclairé, l’un des premiers à dépasser les 24 Mpx sur de l’APS-C (28 Mpx pour le Coréen, 26 Mpx pour le Japonais du jour), l’un des premiers à accepter des cartes SD UHS-II (enfin, une seule), l’un des premiers à filmer en véritable 4K (celle en 4096 x 3160 px), l’un des premiers à utiliser le codec H.265… RIP, petit ange parti trop tôt.

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Même s’il manque un écran secondaire, voilà à quoi devraient ressembler TOUS les capots d’APN. (Sauf les Leica.)

 

Le Fujifilm X-T3 reprend donc nombre de ces caractéristiques, en l’accommodant à la sauce X-T2 et en faisant ce dont ni Nikon, ni Canon n’ont été capables : vivre en 2018, tout en étant prêt pour 2019 (et les années qui suivent). Vous avez donc droit à deux emplacements SD (ouais ouais, comme le X-T2, je sais), à une rafale de 11 images par seconde (en mécanique) qui grimpe à 30 images par seconde (en électronique et avec un recadrage en 14 Mpx), du coup, il y a un obturateur électronique (jusqu’à 1/32000 s, désormais classique chez Fuji), une synchro-flash au 1/250 s, une couverture AF couvrant désormais tout le capteur, ce qui est une première, et c’est un tout nouveau processeur quadcore qui pilote ce petit monde. Pour ne rien gâcher, tout en utilisant les mêmes batteries que le X-T2, le X-T3 propose une autonomie (très légèrement) (et théoriquement) supérieure.

Mais c’est surtout du côté a consenti à de grands efforts. Le X-T2 avait déjà, en son temps, constitué un pas en avant décisif, avec l’introduction du profil Log, de la 4K/UHD et la possibilité de filmer en 4:2:2 8 bits pour peu que l’on utilise la sortie HDMI. Le X-T3 va plus loin, beaucoup plus loin. En fait, quasiment aussi loin que les Panasonic GH5, et bien plus loin que tous les hybrides 24 x 36 mm actuels… Et aussi tous les reflex APS-C, tant qu’à faire. Le X-T3 filme donc en 4K 60p, et je parle bien de véritable 4K en 4096 x 3160 px. Bien sûr, il filme aussi en UHD 60p. Du côté de la Full HD, il est possible de grimper jusqu’à 120p en optant pour le mode « High Speed ». Il est désormais possible de choisir entre du All Intra ou du Long-GOP, ce qui fait que les débits s’envolent (jusqu’à 400 Mbits/s !). Last but not least : l’enregistrement se fait en 4:2:0 10 bits en interne, en 4:2:2 10 bits en externe et, grâce à une mise à jour firmware prévue pour fin 2018, le X-T3 prendra aussi en charge l’enregistrement vidéo en Hybrid Log Gamma. Tremblez, Sony, Canon, Nikon !

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Prises casque et micro, USB Type-C, HDMI (mais mini), et deux logement SDXC UHS-II : c’est pas compliqué, bordel !

Du coup, au sein de la famille Fujifilm, que reste-t-il au X-H1, lancé au début de l’année, à la fois plus gros, plus cher, moins défini, moins rapide, moins bien doté en vidéo, avec un système autofocus de génération précédente ? En fait, deux choses : un écran secondaire sur l’épaule droite et… une stabilisation mécanique du capteur. Et ça, c’est plutôt moche que le X-T3 en soit privé.

 

 

Fujifilm : la stratégie de l’APS-C fort

 

Depuis les débuts de son système X Premium, le discours de Fujifilm a toujours été très clair « notre technologie appliquée à l’APS-C permet d’égaler le 24 x 36 mm« , avant de préciser « et si vous voulez un capteur plus grand, il y le moyen format » (dont une itération pressentie aux environs de 4000 € devrait arriver à la photokina). Cette constance est d’autant plus rassurante et singulière qu’en face, ce n’est pas le cas. Chez les hybrides APS-C, les Canon EOS-M ont beau se vendre comme des petites chocolatines, on peut difficilement dire qu’ils soient technologiquement excitants. (L’excitation est-elle un précurseur de l’acte d’achat ? Vous avez trois heures.) Les Sony Alpha APS-C, de leur côté, semblent avoir été délaissés ces dernières années au profit des modèles 24 x 36 mm : pas de nouvelle optique depuis belle lurette, pas de remplacement de l’APS-C d’entrée de gamme, pas de remplacement de l’Alpha 6500 (en attendant la photokina). Alors que Fujifilm, de son côté, continue à communiquer sur son système, puisque pas plus tard que fin juillet le constructeur s’est fendu d’une roadmap optique qui promet l’arrivée d’un XF 16 mm f/2,8 R WR, d’un XF 33 mm f/1 et d’un XF 16-80 mm f/4 R OIS WR d’ici à fin 2020 ! Et tout cela sans oublier, dans la logique vidéographique, la naissante gamme des optiques MK Fujinon Cine Lens. Voilà. Une roadmap, c’est pas compliqué bordel ! Les constructeurs devraient savoir que nous, photographes, sommes de grands romantiques, et que nous avons besoin de mots d’amour (des bisous des câlins tous les jours…)

Fujinon X Premium Lenses Roadmap
Par les pouvoirs magiques de la roadmap, APS-C, j’invoque ta puissance !

Du côté des reflex APS-C, c’est tout aussi amorphe. À par le Nikon D500, qui était un peu excitant en profitant de l’aura du D5 lancé simultanément, on ne peut pas dire que ça se bouscule au portillon. Que ce soit chez Nikon, Canon ou Pentax, les derniers reflex, du grand public à l’expert, se sont surtout contentés d’assurer leurs arrières et défendre leur pré carré, plutôt que de partir à la conquête de parts de marché et de tenter de nouveaux trucs technologiques. D’ailleurs, je n’en ai pas parlé (parce qu’en toute honnêteté, je suis trop snob pour), mais peu après ses hybrides Z, Nikon a présenté l’entrée de gamme D3500 avec lequel, je site le communiqué de presse, « les utilisateurs pourront, très facilement, prendre des photos et réaliser des vidéos d’une qualité bien supérieure à celle qu’ils obtiendraient avec un téléphone. » Quand on en est réduit à justifier l’existence d’un reflex APS-C parce qu’il prend de meilleures photos qu’un smartphone, les carottes sont cramoisies. 

C’est sûr, ça claque moins qu’un 58 mm f/0,95…

En somme, Fujifilm est non seulement l’un des derniers à réellement sembler croire en le potentiel de l’APS-C mais, en plus, il le fait bien, avec conviction et non pas par défaut. Victoire par KO programmée dans 5, 4, 3, 0… PAF ! Pastèque. (Je radote dans les références cinématographiques.) Ce qui me fait penser à un paysage photographique ultra-simplifié : si vous voulez du Micro 4/3, achetez votre boîtier chez Panasonic (et vos optiques chez Olympus) ; si vous voulez de l’APS-C, nihil ex Fujifilm ; et si vous voulez du 24 x 36 mm, attendez que ça se décante un peu et que Canon, Nikon et Sony aient fini de se la jouer Battle Royale pour bénéficier de baisses des prix substantielles. Je ne sais pas si je dois m’en réjouir ou non.

2 commentaires sur “X-T3 : Fujifilm en roi de l’APS-C”

  1. « Même s’il manque un écran secondaire, voilà à quoi devraient ressembler TOUS les capots d’APN. (Sauf les Leica.) »

    Et pourtant…
    1/ tous les objectifs XF ne possèdent pas de bague de diaphragme (e.g. 27/2), ce qui ne permet pas d’utiliser les grosses molettes de façon appropriée en toute circonstance
    2/ l’absence de molette des modes type « PSAM » avec mémorisation des paramètres fait perdre du temps dès qu’il faut passer d’un type de prise de vue à un autre (e.g. « sport en action » versus « portrait » ou « paysage de stade ») avec un zoom qualitatif
    3/ ditto pour l’absence de modes « User », qui permettent de pré-paramétrer finement ton boîtier ( e.g. « bird in flight » versus « portrait en mode hot synchro »)
    4/ ces grosses molettes nécessitent toutes une action de deux doigts, à la différence des petites que possèdent certes les Fuji, mais dont la taille justement et la « rugosité » ne représentent pas celles des « best in class » et ne conviennent donc pas le top ergonomique
    5/ concernant celle de la vitesse et de correction de l’exposition, étant situées sur le côté droit, elles font perdre un temps précieux avant de pouvoir déclencher.

    On pourrait prendre quelques exemples concrets qui illustrent cette particularité ergonomique qui a aussi la conséquence de rendre les objectifs plus coûteux à produire en raison de cette bague de diaphragme.

    1. L’ergonomie, c’est comme les couleurs. Certains détestent une couleur, d’autres l’adorent. Certains vont plus vite à configurer sur un Fuji que sur un Canon Aps-C ou Sony.
      Me concernant, c’est plus intuitif (et éducatif) que des dénominations de Mode P, Av, Tv. Pour d’autres, c’est l’inverse.

      Le nouveau Canon 32mmf1.4 coûte le même prix que le Fujifilm 35mmf1.4.
      Le Sony Zeiss 24mmf1.8 est au même prix que le Fujifilm 23mmf1.4, donc plus cher que le
      Le Sony 35mmf1.8 est légèrement plus cher que le Fujifilm 35mmf2.
      Et inversement, des objectifs Fujifilm sont plus chers que certains objectifs concurrents.

      La bague de diaphragme est un élément différentiel par rapport à la concurrence. C’est mieux que Sony, les objectifs GM ont une bague de diaphragme, les autres objectifs non.

      Même le nouveau Canon Eos R peut de manière plus évolué contrôler le diaphragme (ou autre paramètre). Est-ce que le nouveau Canon 35mmf 1.8 est cher par rapport à la concurrence, à cause de sa bague ? Non.

      PS : prix constatés au Japon (où j’y vis)

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