Alors que le duel à trois entre Nikon, Sony et Canon des hybrides 24 x 36 mm est prévu pour la rentée,Leica, grillant la priorité au trio japonais, profite du calme avant la tempête pour annoncer son M10-P.
Nous sommes en 2018 et le duo Nikon/Canon s’apprête à sortir leurs tous premiers hybrides à 24 x 36 mm afin de rabattre le caquet à Sony qui, depuis l’automne 2013 et sa première génération d’Alpha 7, occupe presque à lui tout seul la niche des hybrides 24 x 36 mm. Alpha 7/7R/7s suivis par leurs évolutions en Mark II, eux-même renouvelés, depuis l’années dernière, par la génération Mark III, qui existe déjà en déclinaisons 7 III, 7R III mais pas encore 7s III (mais cela ne saurait tarder). Bref, tout le monde (ou presque), a tendance à admettre, sans trop la remettre en question, l’égalité « hybrides 24 x 36 mm = Sony (et vice et versa)« . Mais ce serait oublier qu’un petit village d’irréductibles allemands résiste encore et toujours au tsunami Sony et que, d’ailleurs, ils étaient même là avant, puisque Leica propose des hybrides 24 x 36 mm depuis le M9 de 2009 (depuis le 9/09/09, pour être précis). Et dire qu’à l’époque, les aficionados avaient tendance à taxer Leica de retardataire…
Il était chouette, le M9, avec son capteur CCD signé Kodak, aux couleurs incroyables. Deux ans plus tard, le M9 a été complété par le M9-P, qui se distinguait par l’absence de pastille rouge en façade et l’ajout d’un verre saphir à l’écran arrière (entre autres). Deux ans plus tard encore est arrivé le M (Type 240), introduisant un capteur CMOS (100 % européen !) en lieu et place du CCD Kodak, complété deux ans plus tard par un M-P (Type 240), technologiquement identique mais au look plus sobre. Début 2017 (soit un peu plus de deux ans, il y a du laisser aller), est arrivé le M10. Une petite merveille dont la principale qualité est de ne rien changer en termes de gabarit par rapport à l’expérience des Leica M argentiques (si si, c’est un vrai plus, je vous jure), tout en ajoutant quelques raffinements modernes bienvenus (cadres à LED, Wi-Fi), s’autorisant même un petit clin d’œil en déplaçant le sélecteur de sensibilité là où, sur les modèles argentiques, se trouvait le bouton de rembobinage de la pellicule . Alors, c’est en toute logique que Leica se devait de sortir une déclinaison P du M10 : le M10-P… sorti un peu moins de deux ans plus tard (il y a décidément du laisser aller).
Qu’est-ce qui différencie donc le M10-P du M10 ? L’absence de pastille en façade (bravo, vous avez suivi !). Mais pour réellement justifier une différence autre qu’esthétique, le M10-P opte pour un écran tactile de 3″, alors que celui du M10 ne l’est pas. Le communiqué de presse insiste bien sur le fait que le M10-P est le Leica M numérique le plus silencieux jamais développé par Leica, avec un travail particulier sur l’amortissement des rideaux. Ce qui est bien, certes, mais qui à être totalement silencieux, Leica aurait pu ajouter une obturation électronique, désespérément absente depuis le début (mais pourtant pas impossible à implémenter, à en croire les discussions que j’ai pu avoir avec Stephan Daniel). Laquelle obturation électronique permettrait, en plus, de dépasser le plafond des 1/4000ème de seconde, vitesse la plus rapide de l’obturateur mécanique actuellement utilisé.
Malgré tout, ne boudons pas notre plaisir (en tous cas, moi, je ne boude pas le mien). Et le temps que je décide entre la version noire ou chromée, j’aurai probablement réussi à économiser les 7650 € nécessaire à acquérir la bête (parce que, shooter au M2, c’est chouette, mais le numérique, c’est quand-même pratique). Voilà. Maintenant que Leica a ouvert la voie pour la rentrée, mesdames et messieurs de Nikon, Canon et Sony, c’est à votre tour de nous faire rêver ! Mais n’oubliez pas que vous n’êtes pas à l’abri, lors de la prochaine photokina, d’un Leica SL2, ni même d’un Leica Q2. Affaire à suivre ! D’ici là, je vous aurai bien montré des photos faites au M10 lorsque je l’ai testé à sa sortie, mais le disque dur les contenant a été égaré durant mon déménagement (et ce serait pas mal que je le retrouve)…